Calyre

The Shipping News - Annie Proulx

Quoyle restait incapable de saisir l'actualité, n'avait aucun sens du détail. Il avait peur de tout, à l'exception d'une quinzaine de verbes. Avec un instinct fatal pour l'utilisation erronée du passif.

The Things They Carried - Tim O'Brien

Mais le problème des souvenirs, c'est que l'on ne peut pas les oublier. On prend son inspiration là où on la trouve, c'est-à-dire dans sa propre vie, à l'intersection du passé et du présent. La circulation des souvenirs alimente une rotative dans votre tête, où ils tournent en rond pendant un certain temps, puis l'imagination se met bientôt à couler et les souvenirs se confondent et repartent dans un millier de directions différentes. En tant qu'écrivain, tout ce qu'on peut faire, c'est choisir une direction et se laisser porter en formulant les choses comme elles viennent à nous. Voilà ce qu'est la vraie obsession. Toutes ces histoires.

Babbitt - Sinclair Lewis

- Alors... on prétend que les rêves sont le contraire de la réalité.

Et ainsi il se rendit compte que c'était de la folie de prendre la fuite, parce qu'il ne pourrait jamais se fuir lui-même.

Pollyanna - Eleanor H. Porter

Voyez-vous, quand on cherche des raisons de se réjouir, on oublie les choses qu'on n'a pas comme la poupée dont on rêvait.

- Quel est donc ce jeu? s'enquit le pasteur.
- Il consiste à trouver des raisons de se réjouir quelles que soient les circonstances.

 

Ce dont hommes et femmes on besoin c'est d'être encouragées. Leur tendance naturelle à la résistance doit être renforcée et non atténuée. Au lieu de se plaindre sans esse des défauts d'un homme, soulignez ses qualités. Aidez-le à sortir de l'ornière des mauvaises habitudes. Louez ses bons côtés, ses capacités, son audace!... L'altruisme et l'optimisme sont contagieux et susceptibles de révolutionner une ville entière... Les gens irradient ce qu'ils ont dans le cœur et dans l'âme. Si un homme est gentil et prévenant, ses voisins le ressentiront très vite. S'il passe son temps à se plaindre et à tout critiquer, ses voisins lui renverront les mines renfrognées, et plus encore !... C'est quand on cherche le mal qu'il se présente. Si vous vous attendez à trouvez le bien, vous l'obtiendrez. Dites à Tom que vous savez qu'il sera heureux de remplir ce panier à bûches, et vous verrez qu'il sera intéressé par vos propos.

Mais enfin, ceux qui ont la santé ne sont pas toujours ceux qui en font le meilleur usage.

Cry, the Beloved Country - Alan Paton

Le chagrin vaut mieux que la peur, répéta le Père Vincent qui s'obstinait. La peur est un voyage, un terrible voyage, mais le chagrin au moins est une arrivée.

Nul ne sait ce que c'est que la vie, car la vie est un secret.

Run Man Run - Chester Himes

On ne se rend compte à quel point l'eau est bonne que quand le puits est à sec.

The Other Wind - Ursula K. Le Guin

"Si elle vient, c'est de là qu'elle viendra, dit-il. Et si elle ne vient pas, c'est là qu'elle est."

Le parfum de la dame en noir - Gaston Leroux

"Ne point chercher Larsan là où il se montre, le chercher partout où il se cache".

Rouletabille:
"Eh bien, racontez-moi ce que vous ne savez pas! Car si vous ne me racontez pas ce que vous ne savez pas, Bernier, je ne réponds plus de rien!..."

For the Love of a Child - Betty Mahmoody

Les larmes lavent le chagrin, nettoient la peur.

When Eight Bells Toll - Alistair MacLean

A ma troisième chute, je cassais ma lampe torche. Après plusieurs dégringolades qui me secouèrent les os et me laissèrent des bleus, ce fut ma boussole de poignet qui se brisa. Bien entendu, le profondimètre que je portais sur le même bracelet resta intact. Et, comme chacun sait, un profondimètre est d'un grand secours pour trouver son chemin la nuit dans les bois, en dehors de tout sentier.

Mostly Harmless (Hitchhiker's Guide, #5) - Douglas Adams

Elles recommencèrent deux fois le même cirque, jusqu'à ce que Tricia fût certaine que tout ce qui pouvait humainement être clair était aussi clair qu'il soit humainement possible de l'être.

Elle commençait vraiment à être piquée. Elle avait même imaginé qu'un oiseau de Central Park l'avait scrutée avec une étrange insistance.

Il y avait des marques sur sa pelouse.
Les marques sur la pelouse étaient bien le cadet de ses soucis. Les marques sur la pelouse pouvaient bien aller se faire un petit jogging si ça leur plaisait.

 

"Comment avez-vous...
- Je ne peux pas te le dire.
- Pourquoi pas? J'ai fait un sacré bout de chemin.
- Tu ne peux pas voir ce que je vois parce que tu vois ce que tu vois. Tu ne peux pas savoir ce que je sais parce que tu sais ce que tu sais. Ce que je vois et sais ne peut s'additionner avec ce que tu vois et sais parce que ce ne sont pas des quantités de même nature. Pas plus qu'elles ne peuvent remplacer ce que tu vois et sais, parce que ce serait te remplacer toi-même.

 

 

Fiévreusement, il l'empaqueta. L'emballa. L'étiqueta. Après une brève pause pour s'interroger sur le bien-fondé de son action, il confia le paquet au système de courrier pneumatique de l'immeuble.
"Colin, déclara-t-il en se retournant vers le petit ballon flottant.
Je m'en vais t'abandonner à ton destin.
- Je suis si heureux, dit Colin.
- Tâche de t'en sortir au mieux, parce que je veux que tu me chouchoutes ce paquet jusqu'à la sortie du bâtiment. Ils vont sans doute t'incinérer lorsqu'ils te retrouveront et je ne serai pas là pour t'aider. Ça risque d'être très, très dur pour toi, et c'est vraiment pas de pot. Pigé?
- J'en gargouille de plaisir, dit Colin.
- File!" ordonna Ford.

So Long, and Thanks for All the Fish (Hitchhiker's Guide, #4) - Douglas Adams

La pluie de type 17 était une sale pluie en rafales qui fouettait son pare-brise avec une telle violence qu'il aurait aussi bien pu faire l'économie de ses essuie-glaces.
Il mit à l'épreuve sa théorie en les arrêtant momentanément mais il apparut que la visibilité réussissait à empirer encore.
Malheureusement, elle omit de s'améliorer quand il les remit en route.
En fait, un des balais commença à se démantibuler.
Swish swish swish flop swish swish flop swish swish flop swish flop swish flop swish flop flop flap racle.

 

Une pauvre silhouette débraillée, étrangement attifée, plus trempée qu'une otarie dans un lave-linge, et qui faisait du stop.
"Le pauvre type", songea Rob McKenna in petto, prenant conscience qu'il tenait là quelqu'un plus en droit que lui de se sentir abattu, "il doit être glacé jusqu'aux os.
Faut-il être con pour faire du stop par des nuits pareilles. Tout ce qu'on y gagne, c'est du froid, de l'humidité et des camions qui vous éclaboussent en roulant dans les flaques au passage."
Il secoua la tête, résigné, poussa encore un gros soupir, et donna un coup de volant pour traverser une belle nappe d'eau.
" Voyez c'que je veux dire?" songea-t-il tout en labourant la mare.
"Il y a vraiment de ces crétins sur les routes!"
Deux secondes plus tard, il apercevait dans son rétro le reflet de l'auto-stoppeur, trempé, sur le bas-côté.
Durant une minute, il se sentit tout content. La minute suivante, il culpabilisa d'avoir été content de ce qu'il avait fait. Puis il fut content d'avoir culpabilisé d'avoir été content de ce qu'il avait fait et, satisfait, poursuivit sa route dans la nuit.

 

 

A l'instant précis où il prononçait ces paroles, ce ne fut plus possible car l'orage qui les avait dépassés éclata soudain de nouveau. Des éclairs zébraient le ciel, tandis que quelqu'un semblait s'amuser à leur vider sur la tête plus ou moins l'équivalent de l'Atlantique à travers une passoire.

La plage était une plage que nous citerons pas, car sa résidence privée s'y trouvait, mais c'était une petite étendue de sable quelque part sur les centaines de kilomètres de côte qui s'étirent d'abord vers l'ouest de Los Angeles, ville décrite dans un article de la nouvelle édition du Guide du voyageur galactique comme "dangereuse, véreuse, poisseuse, glaireuse, et comment déjà? enfin, tout un tas de trucs pas terribles, hou la la"

 

Il rageait et pestait contre lui, contre le destin, contre le monde et le temps qu'il y faisait. Il alla même, dans sa fureur et son chagrin, s'asseoir dans la cafétéria de l'aire de service où il s'était arrêté juste avant de la rencontrer.
"C'est le crachin qui me rend particulièrement morose.
- S'il vous plaît, vous pourriez arrêter de nous bassiner avec votre crachin? lança Arthur, cassant.
- J'arrêterais de vous bassiner si le crachin arrêtait de nous bassiner.
- Écoutez...
- Je vais vous dire, moi, ce qu'il va faire quand le crachin va s'arrêter. Voulez savoir?
- Non.
- Ça va crépiter.
- Ça va quoi?
- Crépiter."

 

 

Ceux qui souhaitent le savoir devront poursuivre leur lecture. Les autres peuvent sauter directement au dernier chapitre, qui n'est pas mal non plus et dans lequel il retrouveront Marvin.

Ils restèrent une nuit dans un hôtel de Sunset Boulevard dont on leur avait vanté l'ambiance déroutante qui ne manquerait pas de les ravir.
"Vous verrez, tous les clients y sont soit anglais, soit bizarres, soit les deux.

Life, the Universe and Everything (Hitchhiker's Guide, #3) - Douglas Adams

Pendant ce temps, sur la Terre, la pluie s'était mise à tomber à seaux et Arthur Dent, assis au fond de sa grotte, passait l'une des soirées les plus pourries de toute son existence, à ressasser tout ce qu'il aurait pu répondre à l'étranger, tout en écrasant les mouches qui passaient également une soirée pourrie.

 

Le petit bonhomme opina avec enthousiasme.
"Un peu plus tard, on me jette par-dessus le bord d'un astronef, toujours vêtu de ma robe de chambre. Au lieu du scaphandre auquel on se serait normalement attendu. Peu après, je découvre que ma planète a été construite à l'origine par un ramassis de souris. Vous pouvez imaginer l'effet que ça m'a fait. Sur quoi, on me tire dessus un bon nombre de fois et je me fais copieusement démolir. A vrai dire, on m'a, avec une fréquence qui en devient ridicule, démoli, tiré dessus, insulté, on m'a régulièrement désintégré et privé de thé et, tout récemment encore, je me suis écrasé dans un marécage et j'ai dû passer cinq années au fond d'une grotte humide.
- Ah! pétilla le petit homme, et vous vous êtes bien amusé?"
Arthur s'étrangla violemment avec sa boisson.
"Ah! quelle toux absolument épatante! s'extasia le petit homme, tout à fait étonné. Vous permettez que je me joigne à vous?"
...
"C'est si revigorant, haleta le petit homme en essuyant ses yeux embués de larmes. Quelle existence passionnante devez-vous mener.
Merci de tout cœur."

The Restaurant at the End of the Universe (Hitchhiker's Guide, #2) - Douglas Adams

Zaphod frappa la console avec fureur, ignorant les regards éberlués tournés vers lui. "Mon ancien moi est bien mort! délirait-il. Il s'est suicidé! Les morts ne devraient pas rester traîner dans les jambes des vivants!

Le bassiste était occupé à mitrailler consciencieusement sa chambre tandis que le batteur demeurait introuvable.
Des recherches frénétiques amenèrent à le découvrir sur une plage de Santraginus V - à plus de cent années-lumière de là - clamant qu'il avait enfin trouvé le bonheur depuis une demi-heure après avoir fait connaissance d'un petit caillou qui serait dorénavant son ami.

 

Zaphod coupa. Il se tourna vers Ford.
"Tu sais à quoi je pense?
- Je pense.
- Alors dis-moi ce que tu penses que je pense.
- Je pense que tu penses qu'il serait temps de quitter ce vaisseau.
- Je pense que tu as raison, dit Zaphod.
- Je pense que tu as raison, dit Ford.
- Comment? dit Arthur.
- Silence! dirent Ford et Zaphod. Nous pensons!
- Alors, c'est bien ça, dit Arthur, nous allons mourir.
- J'aimerais que tu cesses de répéter tout le temps la même chose", dit Ford.

 

 

Jusqu'à présent, ils s'étaient bien gardés de toucher aux baies et aux fruits qu'ils avaient pu voir et pourtant les arbres et les arbustes croulaient sous leur poids.
"Considérons les choses sous cet angle, avait expliqué Ford Prefect.
Sur une planète inconnue, fruits et baies peuvent aussi bien te tuer que te faire vivre. Par conséquent, le moment à partir duquel il convient de faire joujou avec, c'est celui où, faute de te décider, tu risques bel et bien de mourir de faim. C'est la seule façon possible de tenir le coup; le secret du routard vigoureux, c'est de savoir manger des saloperies."
Ils examinèrent le tas de fruits en travers leur route d'un air soupçonneux. Ils leur paraissaient si appétissants qu'ils en avaient presque des vertiges.
"Considéré sous cet angle, dit Ford, euh...
- Oui?
- J'essaie de trouver un angle sous lequel considérer qu'on peut y goûter", dit Ford.
...
"Pourquoi ne pas les manger et se poser la question ensuite? lança-t-il.
- C'est peut-être bien ce qu'ils veulent nous voir faire.
- D'accord. Considéré sous cet angle...
- Jusque-là, ça me paraît valable.
- S'ils les ont mis là, c'est pour qu'on les mange. Soit ils sont bons, soit ils sont mauvais; soit ils veulent nous nourrir, soit nous empoisonner. S'ils sont empoisonnés et qu'on n'y touche pas, ils nous attaqueront d'une autre manière. Si on ne les mange pas, on se retrouve perdants d'un côté comme de l'autre.
- J'aime ta façon de penser, dit Ford. Maintenant, t'as qu'à en manger un."

The Hitchhiker's Guide to the Galaxy (Hitchhiker's Guide to the Galaxy, #1) - Douglas Adams

Les déviations sont ces dispositifs permettant à certaines personnes de se précipiter à fond de train du point A au point B, tandis que d'autres personnes en font de même mais du point B au point A. Les gens qui vivent au point C, exactement situé à mi-chemin, ont souvent tendance à se demander ce qu'à de particulier le point A pour que tant de gens du point B aient envie de s'y rendre et ce qu'à de particulier le point B pour que tant de gens du point A aient envie de s'y rendre. Bien souvent ils préféreraient que les gens décident une bonne fois pour toutes où diable ils ont envie de se trouver.

- Tu sais le piloter? s'enquit négligemment Ford.
- Non. Et toi?
- Non.
- Trillian, vous savez?
- Non.
- Parfait, dit Zaphod, soulagé. Nous le piloterons donc ensemble.

 

- Oh! euh, eh bien, le sas qui est devant nous va s'ouvrir automatiquement dans quelques instants et je suppose que nous serons propulsés dans les profondeurs de l'espace, où nous serons asphyxiés. A condition de retenir ta respiration, tu peux espérer tenir trente secondes, bien entendu...", ajouta Ford. Il croisa les mains derrière le dos, haussa les sourcils et se mit à fredonner un vieux chant de guerre bételgeusien. Aux yeux d'Arthur, il paraissait soudain véritablement étrange.
"Eh bien voilà, constata Arthur. Nous allons mourir.
- Oui, admit Ford, sauf que... non! Attends une minute!"
Et soudain, le voilà qui se précipite à travers le sas en direction de quelque chose situé en dehors du champ de vision d'Arthur.
"Qu'est-ce que c'est que cet interrupteur?
- Quoi? Où ça? s'écrie Arthur en se retournant.
- Mais non, je plaisantais! dit Ford. Nous allons effectivement mourir." Et se radossant contre le mur, il reprit sa chansonnette là où il l'avait laissée.

 

 

Marvin réitéra son petit fredonnement narquois.
D'une baffe, Zaphod le fit taire.

- Et ensuite tu as piqué le Coeur-en-Or pour te mettre à sa recherche?
- Je l'ai piqué pour chercher un tas de choses.
- Un tas de choses? dit Ford avec surprise. Lesquelles par exemple?
- Je ne sais pas.
- Hein?
- Je ne sais pas ce que je cherche.
- Et pourquoi?
- Parce que... parce que... il se pourrait que, le sachant, je ne sois plus capable de le chercher.

The Name of the Rose - Umberto Eco

"Comme Guillaume l'avait déjà dit, il est toujours préférable que celui qui nous inspire la peur ait plus peur que nous."

"Or donc, si je comprends bien, vous faites, et vous savez pourquoi vous faites, mais vous ne savez pas pourquoi vous savez que vous savez ce que vous faites?"

"Guillaume, au contraire, riait seulement quand il disait des choses sérieuses, et il gardait tout son sérieux quand censément il plaisantait."